RPG : Balade surprise

Lyra venait à peine d'arriver à La Wingardium Université, elle avait tout juste posé ses valises, et porté sa chouette, Owly à la volière. Elle se souvenait ses premiers pas à Poudlard, sa réaction avait été la même, elle avait préféré se rendre directement dans le parc et profiter de la douceur du crépuscule, en pensant à ce qu'aurait pu être sa vie si elle n'avait pas su.
Mais là n'était pas le propos, elle était là et elle voulait s'intégrer.
Elle se baladait là, seule, à l'orée du bois. Elle se demandait comment allait-elle s'en sortir, si elle allait se faire des amis, si on continuerait à l'appeler le Vampire du fait de ses origines et de sa pâleur. Ce n'était qu'un détail mais il était pesant à la longue.

*Que ma Transylvanie natale est loin ! Que ma vie a changé...*

Lyra était perdue dans ses pensées et se croyant seule, se mit à pleurer, assise au pied d'un arbre.
Manifestement ce n'était pas le cas, puisque quelques instants plus tard, des pas se firent entendre sur les feuilles mortes. Ceux-ci ne se firent pas entendre de Lyra, qui si ça avait été le cas se serait redressée, maitrisée et serait partie en courant. Aussi resta-t'elle là.
Les pas venaient d'un étudiant de première année, lui aussi, qui chantait "dans sa barbe", l'hymne irlandais. Il s'approchait de Lyra sans le savoir.

(HJ : RPG réservé à Fanderlun Vertvallon)

Fanderlun, pour sa part, n'avait pas passé une journée formidable. Et pour preuve : on avait essayé de l'empoisonner ! Une cafeteria qui sert des sandwiches steak haché-confiture de groseille devrait être rayée de la carte de manière définitive ! Il se demandait intérieurement combien d'étudiants seraient retrouvés morts dans leur lit demain matin, après avoir ingurgité un poison aussi violent. Pays d'assassins, oui ! Son esprit errait librement autour d'une certaine rue, dans une certaine ville... Ah, Grafton Street et ses bagels... L'eau lui vint à la bouche à l'évocation de son bagel préféré : saumon et crème fraîche citronnée.

Sur un soupir mélancolique, il entonna la mélodie d' "A soldier's song", se disant que cette chanson lui redonnerait un peu de courage. Il avait laissé ses pas le guider au hasard, jusque dans le bois attenant au campus de l'université. S'il avait bien calculé son emploi du temps, il devrait se retrouver sur un balai dans une heure, juste après la tombée de la nuit. Quelle idée de mettre un cours aussi tard ! Déjà qu'en plein jour il avait du mal à dompter ce vulgaire bout de bois, alors la nuit... Pas la peine d'en parler !

Un reflet roux parmi les arbres attira son regard. Bizarre. Cette forêt n'était pas hantée, c'était surement un renard qui chassait pour sa petite famille. Sauf qu'un renard, ça ne renifle pas de cette manière. Haussant un sourcil étonné, il s'approcha de la source de ces sons inhabituels, son intérêt grossissant à vue d'oeil. Rousse, yeux verts, un peu pâlotte... Mais pas mal du tout ! Une telle demoiselle ne devrait pas avoir du chagrin, aussi Fanderlun le bon samaritain s'approcha-t-il doucement de sa pro... euh... de la jolie étudiante.

" Salut... Tout va bien ? Je m'appelle Fanderlun. Tu es étudiante ici ? "

Concision, efficacité. Ajoutez à cela un joli sourire bienveillant et le tour était joué.

Lyra n'avait pas entendu Fanderlûn approcher et ce n'est que lorsqu'il lui adressa la parole qu'elle regretta de n'avoir pas l'ouïe d'une chauve-souris. Elle releva la tête et vit, l'étudiant au plus beau sourire qu'elle n'ait jamais vu. Elle entrouvrit la bouche et laissa échapper une sorte de gémissement, se surprenant elle-même. Elle se trouvait particulièrement idiote.

"Euh ... Salut, Fanderlûn. Ca va, ça va. Je m'appelle Lyra, et oui, je suis étudiante ici. C'est tout nouveau... Je suis désolée que tu me trouves dans cet état... C'est pas la grande joie. Bref..."

Lyra avait à peine ouvert la bouche qu'un flot de paroles sans intérêt assommait déjà son camarade, elle essuya ses yeux et les releva vers l'étudiant, Irlandais de surcroit. A moins que ce soit un fanatique de leur hymne... Mais non, à bien le regarder, il avait véritablement l'air Irlandais. Ca c'était un bon point, les Irlandais, elle les adorait. Pour elle, c'était une vraie légende.
Elle sourit bêtement à Fanderlûn, ce qui n'était pas son genre, avant de se rendre compte qu'il la regardait avec perplexité. Elle décida donc d'arrêter de sourire, et commença à se redresser.

Il pencha légèrement la tête sur le côté, observant la jeune femme. S'il ne se trompait pas, il avait la forte impression de lui faire de l'effet, à moins que ce ne soit tout simplement de la timidité. Autant vérifier tout cela le plus rapidement possible : il lui décocha son sourire le plus ravageur tout en lui tendant la main.

" Si tu veux, je peux te faire visiter les lieux... Je suis là depuis trois semaines seulement, mais je connais les endroits stratégiques du coin : la cafeteria, le pub dans la rue à côté, la salle de théâtre et le dortoir des filles. Bon, je peux aussi te faire visiter les salles de cours, mais c'est un peu barbant. Tu sais ce qu'on dit des salles de cours : une fois que tu en as vue une, tu les as toutes vues... Tu viens ou tu comptes rester dans ce bois ? J'ai entendu dire qu'il y avait ici des tas de spectres une fois la nuit tombée... "

L'air amusé qu'il lui montra dénia totalement ses dernières paroles, tandis qu'il vérifiait rapidement un détail la concernant. Hum... Habillée tout en noir et de manière à cacher ses formes. Soit elle faisait un complexe, soit elle était terriblement canon et évitait les affreux qui voulaient poser leurs sales pattes sur elle. A l'occasion, il devrait lui faire visiter la piscine, histoire de voir si elle était mignonne en bikini... Si ce sale temps anglais ne se mettait pas à lui créer des ennuis !

Lyra, littéralement charmée sans vouloir l'avouer, prit la main de Fanderlûn, et se redressa gracieusement. Elle avait remarqué le regard furtif de Fanderlûn, et ça ne lui plaisait pas du tout. Aussi, lui lança t'elle un regard glacial.

"Dis-moi, Fanderlûn, il y a un problème ? J'ai un nargol sur mon pull ?"

Le jeune homme la regarda, étonné. Quant à Lyra, elle se disait qu'elle avait peut-être été un peu brusque avec son "chevalier servant" et que si elle voulait se sociabiliser, il serait de bon ton qu'elle ne se formalise pas d'un rien.

"Je suis désolée, je suis un peu... enfin bref, excuse-moi"

Elle se sentait manifestement gênée, et honteuse. Elle lui adressa un sourire à l'image de ce qu'elle ressentait, pendant qu'elle s'époussetait. Elle n'en revenait pas que quelqu'un, a fortiori un garçon, se propose de l'aider.

"Voilà, c'est mieux, excuse-moi d'être un peu froide, je viens avec toi. Qu'est ce que tu veux me montrer ?

Lyra se rendit compte à cet instant qu'elle n'avait pas lâché la main de Fander, ce qu'elle fit immédiatement avant de baisser la tête.

Wow... Elle avait du caractère, la demoiselle. Autant elle avait semblé inoffensive et fragile dès leur rencontre, autant elle avait su sortir les griffes lorsqu'elle s'était sentie observée. Un temps destabilisé par ce revirement d'état d'esprit, il lui sourit le plus naturellement du monde et lui répondit sur le ton de la conversation formelle :

" Un nargol ? Ah non non, je me disais juste que ce pull noir te rendait encore plus pâle que ce que tu l'étais vraiment. Ca te donne un certain charme et fait ressortir tes yeux, si c'est l'effet que tu recherchais avec de tels vêtements. Mais parlons balade. Je dois t'avouer que notre rencontre m'a donné soif. Une Guiness, ça te dit ? Il suffit de sortir du campus, je connais un pub qui en sert des presque authentiques. A te voir, je dirais que tu viens du comté de Kilkenny, tu ne me feras pas croire que tu n'aimes pas la Guiness. "

Un clin d'oeil espiègle pour clore ce petit discours improvisé, puis un coup d'oeil par-dessus son épaule. Sur un bref "Attention", il se colla brusquement contre Lyra, la faisant s'appuyer contre le tronc d'arbre le plus proche, son épaule empêchant la demoiselle de voir quoi que ce soit derrière lui. Avec un petit sourire, il se recula légèrement pour plonger dans le regard émeraude de la jeune étudiante.

" Ca va ? C'était une chauve-souris, elle est passé si près que j'ai eu peur qu'elle ne s'en prenne à tes cheveux... "

Lyra regardait Fander avec une certaine perplexité. Non mais vraiment, il essayait de faire quoi, au juste ? Elle écouta son petit discours. Quoi, elle avait l'air d'être Irlandaise ? Bon, d'accord, sa nationalité n'était pas gravée sur son front. A l'évocation de cette possibilité, elle pouffa discrètement.
Puis, l'étudiant lui adressa un clin d'œil espiègle qui lui fit penser que cette proposition n'était autre qu'un rendez-vous galant.
Mais en un instant, elle se retrouva adossée à un arbre, collée contre lui. Il avait prétexté une chauve-souris. Ca aurait été un rat volant, c'eût été pareil pour elle. Elle pouvait sentir le parfum du jeune homme, c'était une odeur agréable. Lorsqu'il plongea son regard dans le sien, elle pensa un instant qu'elle lévitait. Mais elle se ressaisit et prit un ton dégagé.

"Très cher, vous saurez que je ne suis pas du tout, mais alors du tout, Irlandaise. Je suis née en Transylvanie et j'y ai passé toute mon enfance. Je n'ai jamais bu la moindre bière de ma vie.
Quant à ma tenue, elle n'a aucun autre but que de me couvrir. Et, j'adore les chauve-souris."

Lyra avait dit tout ça avec un calme presque solennel. Puis, voyant que Fanderlûn la regardait toujours fixement, elle lui sourit avant de lui demander

"On va rester la longtemps? Je ne voudrais pas que tu te sentes obligé de me sauver d'une autre attaque, purement fortuite, de chauve-souris. A moins que leur chasse ne soit ta spécialité ?"

Ce fut à son tour d'être perplexe. Il aurait pu mettre sa main au feu qu'elle avait du sang irlandais dans les veines, écossais tout au plus. Mais transylvanienne ! Alors là, il avait beaucoup de mal à le croire. Les liens logiques se firent petit à petit dans son esprit encore embrumé par le parfum de la jeune étudiante, très agréable au demeurant. Il haussa un sourcil intrigué, avant de poser ses mains sur le tronc de chaque côté du corps de Lyra.

" Oh, on n'est pas bien ici ? Le soleil vient tout juste de se coucher... Peut-être que cette chauve-souris n'en était pas vraiment une, tout compte fait ? Si ça se trouve, elle est allée chercher ses congénères. Mais je ne risque rien avec toi, n'est-ce pas ? A moins que tu n'aies envie de me faire courir un risque ? "

Son regard plongea dans celui de Lyra, son sourire restant posé sur ses lèvres. Elle avait l'air pâle, portait du noir...pour se couvrir... du soleil ? Ne pas constater trop rapidement, mais les indices semblaient donner une réponse toute faite...

Lyra se sentit comme emprisonnée par les bras de Fanderlûn. De quoi voulait-il parler ? Lyra le fixait et s'aperçut rapidement du regard de l'étudiant, rivé sur ses lèvres. Il s'attendait à quoi ? A deux canines pointues qui pousseraient au coucher du soleil ? Ah, les fantasmes des gens...
La jeune fille se mit à parler d'une voix basse, sans pour autant chuchoter.

"A qui crois-tu avoir à faire ? Ce n'est pas à moi de te protéger, on m'a appris que c'était l'inverse. Quant à te dire si tu risques quelque chose avec moi, ou si je compte te faire courir quelque risque, ça, c'est à toi d'en juger."

Lyra se redressa un peu, s'approchant un peu plus de Fanderlûn, et plus exactement de son cou avant de lui dire, de la même voix basse

"Tu aurais peur d'une fille des Carpates, trop pâle pour que ce soit naturel et qui n'est pas effrayée par les chauve-souris ? C'est pas très courageux pour un homme qui vient d'un pays où le courage est une valeur primordiale..."

La jeune femme ramena sa tête en arrière, faisant face à un Fanderlûn passablement perturbé. Elle lui sourit, en le regardant droit dans les yeux.
Le jeune homme avait l'air d'avoir vu un fantôme, ou d'avoir subit un sortilège de stupefixion, ce qui lui donnait un petit air de statue.

Il ne bougeait plus d'un poil, s'attendant presque à sentir des crocs percer la peau fine de son cou. A la place, ce fut un souffle chaud et caressant lui donnant un frisson prolongé. Il n'espéra qu'une chose à ce moment-là : que Lyra ne se rendît pas compte du trouble qu'elle venait de provoquer en lui. Afin de mieux cacher tout cela, il partit d'un rire qui était tout sauf naturel, tant il était perturbé par le fait que, finalement, elle était peut-être un vampire.

" Moi, effrayé ? Voyons, je ne vois pas ce qui pourrait me faire peur, ce soir. La demoiselle que je peux admirer est trop jolie pour me faire courir un véritable danger ! Quoi qu'en y réfléchissant bien, cela n'a aucun rapport. Mais bref ! Si danger il y a, il viendra de ce bois, et dans ce cas sache que je sais me servir d'une baguette. Et quelque chose me dit que tu sais toi aussi te défendre, n'est-ce pas ? "

Il jeta un dernier coup d'oeil aux lèvres de Lyra, peut-être pour vérifier que ses canines n'avaient pas eu la mauvaise idée de pousser subitement pendant qu'il parlait. Peut-être était-ce aussi parce qu'il trouvait qu'elles semblaient plus rouges que jamais... Sans doute était-ce dû à la pâleur du visage de la jeune étudiante. C'était très esthétique, pour le moins. Il n'avait pas l'intention de bouger de cet endroit, elle ne semblait pas si mal à l'aise que cela...

Lyra partit dans un éclat de rire qui dévoila des dents ... tout à fait normales. Et ce, à la grande surprise de Fanderlun. Elle décida de rassurer son nouveau lien social

"Ecoute-moi bien, et regarde-moi bien. Ca, ca devrait pas te poser trop de problèmes.
Je suis née en Transylvanie, d'accord, je suis très blanche, d'accord, mais je ne suis pas un vampire, je ne suis pas la descendante du comte Dracula, ni même une de ses conquêtes délurées. Rassure-toi, aucune canine ne va venir se planter dans ton cou, ou du moins, pas pour te vider de ton sang. Alors, ne me regarde pas comme ça, je ne vais pas te mordre."

Lyra lui sourit chaleureusement, en caressant son bras, presque machinalement. Il était musclé, de quoi se sentir protégée. Quand elle réalisa ce qu'elle était en train de faire, elle s'arrêta net, en priant pour que Fanderlun ait été absorbé par ses paroles plus que par son geste.
Elle sentait sa poitrine se soulever convulsivement, il lui était impossible de se maitriser. Elle n'avait pas prévu la réaction hypothétique de son corps, et celle de son camarade.

"Hum, quant à savoir me défendre, je sais faire. Ne t'inquiète pas pour moi, même si je te remercie de l'avoir fait."

Après avoir longtemps regardé Fanderlun, elle rompit le silence

"Alors, que fait-on ? On se promène dans les bois tant que le vampire n'y est pas ?"

Chassez le naturel, il revient au galop. C'est ce que pourraient dire ceux qui observaient la scène. Un Fanderlun rassuré offrit son sourire le plus craquant à la jeune femme, avant de faire une petite moue faussement déçue :

" Alors je ne cours aucun risque avec toi ? Tu ne vas pas me mordre dans le cou ? C'est dommage... Je m'attendais presque à sentir tes lèvres et tes dents sur ma peau, cela aurait été follement excitant. "

Elle avait l'air perturbée par quelque chose, il ne parvenait pas à dire ce qui la mettait dans un tel état de trouble. Un mouvement accrocha son regard et il baissa les yeux un instant, intrigué... puis franchement fasciné. Finalement, une fois que son pull était plaqué contre son corps, elle avait des formes capables de donner des nuits blanches à n'importe qui... Et elle respirait fort, ce qui n'arrangeait pas les choses, loin de là. Sans y penser, il déglutit, perdu dans la contemplation de ce corps palpitant tout contre lui. Le souvenir de la dernière phrase de Lyra le tira de sa rêverie agréable et il releva le regard, clignant des yeux et sentant ses joues s'empourprer légèrement, comme s'il avait été pris en flagrant délit de voyeurisme.

" Hum... Euh... Une balade nocturne dans les bois ? Pourquoi pas ? Avec un peu de chance, nous y trouverons peut-être quelque chose d'intéressant... C'est une excellente idée, oui ! "

Il avait l'intention de bouger. Il en avait la ferme intention. Sauf que son corps ne semblait pas vouloir lui obéir, vu que seules ses mains se rapprochèrent du corps de Lyra, toujours posées sur le tronc derrière elle. Une telle proximité n'allait pas tarder à avoir ses effets sur lui, il en était quasiment certain. Tout comme il était quasiment certain que Lyra n'apprécierait pas une telle réaction alors qu'ils se connaissaient à peine... Un nouveau risque à prendre.

Lyra essayait d'arracher des mots de la bouche de Fander, et surtout, elle essayait de comprendre ce qui se passait dans sa tête pour qu'il la regarde comme ça ... Elle avait compris en un instant, mais elle était incapable de réagir.
Les derniers vestiges de la lumière du soleil vinrent frapper ses cheveux de plein fouet, et inscrivirent une lumière particulière dans ses yeux.

"Euh ... hum .. on pourrait.. oui, voilà, se promener dans les bois, si on trouve quelque chose on pourra le métamorphoser .. enfin, ce genre de choses..."

Lyra ne savait plus exactement ce qu'elle disait, mais elle sentait ces mains se rapprocher de son corps dangereusement. Elle tendait son visage vers celui de Fanderlun, ferma les yeux et sentit son coeur battre dans sa poitrine comme un force-né. L'étudiant s'approcha à son tour du visage de Lyra quant au dernier moment, celle-ci se dégagea de cette étreinte et fit quelque pas pour s'éloigner, laissant Fander dans une position assez ridicule.

"Hum ! Désolée... euh ... Tu voulais pas qu'on se promène ?"

Lyra était à présent rouge pivoine, ce qui ne laissait plus aucun doute sur sa nature d'humaine. Elle se sentait mal à l'aise et priait pour que Fander ne se fâche pas.

Il avait été littéralement subjugué par le soleil jouant dans les cheveux de Lyra, y allumant un véritable brasier qui ne faisait que rivaliser avec les émeraudes flamboyantes de son regard. Cette vision lui arracha un soupir appuyé, tant la beauté qui se tenait face à lui lui coupait le souffle. Elle-même semblait aussi troublée par l'instant qui s'écoulait aussi lentement que possible entre eux. Elle ferma les yeux et sembla lui faire comprendre qu'elle attendait qu'il prenne l'initiative... Fermant à son tour les yeux, il approcha lentement son visage d'elle... Et la sentit bouger. Il ouvrit les yeux, juste à temps pour éviter d'embrasser avec passion l'écorce d'un chêne centenaire. Il se sentit franchement ridicule, sur le moment, fronçant légèrement les sourcils. Levant un bras, il se gratta pensivement la tête, essayant de rassembler ses esprits. Il n'aimait pas trop la suite des événements, mais se surprit à sourire. Il alla la rejoindre et prit sa main, le plus naturellement du monde, sans trop y réfléchir.

" Tu sais que si tu avais été anglaise, je t'en aurais voulu à mort pour m'avoir vu dans une position aussi ridicule ? Embrasser un arbre... Non mais vraiment ! Et tu as de la chance : tu es beaucoup trop jolie pour que je t'en veuille... "

Il éclata de rire, faisant mine de ne pas se formaliser de l'aptitude de Lyra à devenir aussi écarlate qu'une tomate bien mure. Marchant au hasard, il entraîna son invitée vers une clairière couverte d'herbe bien verte. La lumière commençait à baisser, mais il ne s'en souciait guère, se demandant toutes les deux secondes si les lèvres de la jeune femme étaient aussi douces que ce qu'elles semblaient être.

Lyra était soulagée de la réaction de Fanderlun. Elle avait réprimé un fou rire en le voyant dubitatif, se grattant la tête. Il était véritablement craquant. Aussi, ne se fâcha t'elle pas qu'il lui prenne la main de cette façon si singulière. Elle le suivit, avec l'impression de ne plus toucher terre. De plus, le paysage était magnifique et le manque de lumière ne gâchait rien.

"Je remercie mes parents de ne pas m'avoir fait naître anglaise, alors ! Il parait que l'ire des Irlandais -relève le jeu de mot brillant- n'est pas une mince affaire, alors, je m'en passerai.
J'espère que tu ne m'en veux vraiment pas de ce magnifique moment de solitude bucolique..."

Lyra éclata de rire et, se tournant vers Fanderlun, elle crut apercevoir un léger sourire se dessiner au coin de sa bouche. Puis, comme si de rien n'était, elle détacha ses longs cheveux et les secoua.

"C'est magnifique ici, c'est vert ! C'est brillant ! Pourquoi m'as-tu conduite ici ? Tu soupçonnes une colonie de Nargol de faire commerce avec un cousin vampire des Carpates ?"

Lyra attendit un instant, l'air espiègle avant de reprendre ...

"Hum... euh je te charrie !"

La jeune femme retomba tout à coup dans un silence profond. Elle pensait à tout ce qui venait de se passer et à quelle vitesse, à sa main dans celle de ce garçon, qu'elle connaissait à peine. Elle n'avait jamais eut de "coup de foudre", comme disent les moldus, mais ça devait y ressembler. En tout cas, elle était résolue à ne rien dire, à ne rien faire sans qu'il n'ait fait le premier pas. Aussi continua t'elle de marcher silencieusement aux côtés du jeune Irlandais qui l'avait charmée, attendant une quelconque réaction de sa part.

Et en plus elle avait de l'esprit. Fanderlun commença à se demander sérieusement si toutes ces qualités étaient bien humaines, une jeune femme aussi... enfin, aussi... les mots semblaient flotter aux abords de son esprit sans jamais l'atteindre, c'en était agaçant. Il ouvrit la bouche pour répliquer à la petite plaisanterie de Lyra... et resta un instant bouche bée, oubliant de respirer. Elle l'avait fait exprès, ce n'était pas possible autrement ! Une cascade de cheveux roux retombant sur ses épaules en une véritable pluie d'étoiles... Telle fut la phrase qui traversa l'esprit envouté du jeune homme. Lui qui n'avait jamais eu les prétentions de se dire poète à deux euros, le voilà qui faisait des métaphores... Elle lui avait dit quelque chose, à mille kilomètres de là. Elle aurait pu parler de la vie des moustiques en Afrique méridionale ou quoi que ce soit, il ne voyait que ces cheveux longs, doux...soyeux. Il fut pris de l'envie irrésistible de passer sa main dedans, de savoir si, comme il l'escomptait, leur contact lui donnerait un frisson. Levant un instant la main, il prit conscience de son geste et la rabaissa rapidement, sentant le rouge lui monter aux joues.

Il se râcla la gorge, l'air gêné, se contentant d'effleurer le dos de la main de la jeune étudiante du pouce, ne sachant plus s'il était capable de s'exprimer, quelle que fut la langue demandée. Il eut terriblement soif et se passa machinalement la langue sur les lèvres, le regard totalement hypnotisé par cette cascade de cheveux longs qui invitait aux plus douces caresses.

Lyra regardait à présent le manège de Fanderlun. Mais que faisait-il, la main en l'air ? Et dire qu'il lui reprochait un moment de solitude ! Il y arrivait très bien tout seul.
Plus elle le regardait, plus elle se rendait compte que quelque chose ne tournait pas rond, quelque chose le perturbait... Mais qu'est ce que .. Aaaah ! Ses cheveux ! C'était ses cheveux ! Certaines personnes sont amoureuses des rousses. Peut-être était-ce le cas ? Manifestement oui ! Il avait voulu les caresser mais c'était sa main qu'il caressait. Quand elle s'en rendit compte, Lyra ne put s'empêcher d'avoir envie de s'approcher, plus près, elle avait envie qu'il la touche, lui caresse les cheveux, ou le visage. Mais il était ailleurs, perdu dans le roux de ses cheveux.
Lyra elle, se perdit instantanément dans le gris des yeux de Fanderlun. Elle venait de remarquer à quel point ils étaient envoûtants. Elle était là, face à lui, prise au piège de ses yeux, puis elle vit sa langue passer sur sa bouche, bouche qu'elle avait faillit toucher. Et le spectacle était parfaitement hypnotisant.

"Euh ... Fander ? Tu es là ? Qu'est ce qui t'arrive ?"

Elle le regardait intensément, comme si elle voulait pénétrer son âme, ses pensées; Plus exactement, comme si elle y était perdue

Les paroles de Lyra le ramenèrent sur Terre, ou du moins le crut-il. Il voyait une sorcière en face de lui. Mais une sorcière top niveau, elle devait avoir énormément de puissance pour pouvoir l'enchaîner aussi facilement à cette mêche de cheveux roux... Il baissa le regard, plongeant dans celui de la jeune étudiante... et repartit dans un monde embrumé. Sa respiration s'accéléra brusquement, il mourait de chaud et sentait qu'il ne pourrait pas vivre un instant de plus s'il restait figé à la contempler ainsi. Sa voix se fit un peu rauque, due sans aucun doute à l'émotion qui l'assaillait :

" Euh... Hum... Hé bien... Je suis là, oui, tu peux en être sure et certaine. Et ce que je sais aussi, c'est que tu es bien là... avec tes cheveux magnifiques et tes yeux capables de terrasser n'importe qui. Oh oui, tu es bien là... Et j'ai la ferme impression que tu m'as lancé un sort sans que je n'y prenne garde. Car la personne que je vois est la plus incroyablement belle que j'aie pu voir de toute mon existence... "

Un frisson appuyé accompagna ses paroles, le faisant se redresser brusquement et le rapprochant encore un peu d'elle. Il prit son autre main dans la sienne, ne pouvant se détacher de ce regard intense qui vidait son esprit plus surement que tout autre artifice. Dans un éclair de lucidité, il se remémora les paroles de son père qui lui conseillaient de toujours le faire sous peine de passer pour un immonde rustaud. Dans un souffle, il murmura tout juste :

" Je... Je peux...? "

Il eut la gorge sèche à l'idée qu'elle pourrait répondre un simple mais définitif "non", se sentant subitement anxieux. C'était le comble de l'ironie : lui, anxieux ? Il fallait vraiment qu'elle soit douée pour le mettre dans un état pareil !

Quand Fander revint sur terre, ou presque, Lyra sentait que quelque chose allait se passer. C'est alors qu'il ouvrit la bouche et en découlèrent des paroles absolument incroyables.

" Euh... Hum... Hé bien... Je suis là, oui, tu peux en être sure et certaine. Et ce que je sais aussi, c'est que tu es bien là... avec tes cheveux magnifiques et tes yeux capables de terrasser n'importe qui. Oh oui, tu es bien là... Et j'ai la ferme impression que tu m'as lancé un sort sans que je n'y prenne garde. Car la personne que je vois est la plus incroyablement belle que j'aie pu voir de toute mon existence... "

Lyra ne comprenait pas, elle était assaillie de compliments.

"Mais .. je euh ... Non, je ne t'ai pas lancé le moindre sort. Je ne suis pas une vélane..."

Puis, il se rapprocha d'elle parcourut d'un frisson qui fit presque sursauter Lyra. Il prit son autre main, et à ce moment là, elle ne savait plus où elle était.

*Mais qu'est ce que tu fais ?*

Elle était persuadée que ces mots étaient sortis de sa bouche, mais ça n'était pas le cas, puisqu'elle ne les avaient pas entendus. Lyra était tétanisée par l'émotion, son coeur battait à mille battements par minute.

*Mon Dieu, il va m'embrasser ... LUI, il va m'embrasser. Je le connais à peine, mais je m'en fous ! Où est passée ton éducation ? Au diable !!*

"Je... Je peux...? "

*Mais oui !!!*

"Oui ...

Il se mordilla furtivement la lèvre inférieure, sentant une chaleur incroyable remonter le long de son corps. Un simple mot et il repartait parmi les nuages et les petits oiseaux... Il ne sentait plus le sol sous ses pieds, ne voyait plus les arbres autour d'eux, il était... ailleurs. Il bougea au ralenti, du moins c'est l'effet que lui offrit son cerveau. Elle avait les lèvres si rouges, si rouges... Si...

Il ferma les yeux et pressa délicatement ses lèvres contre celles de la jeune étudiante, le corps parcouru d'un millier de petits frissons faisant des allers-retours juste sous sa peau. Il ne put empêcher un petit gémissement de franchir la barrière de ses lèvres pour venir se répercuter sur celles de Lyra. Doucement mais fermement, ses mains serrèrent celles de la jeune femme, au fur et à mesure des sensations que le baiser lui procurait. Il n'était plus là du tout, ou plutôt, le monde avait cessé d'exister autour d'eux. La chaleur de son corps... la douceur de ses lèvres... l'odeur de son parfum... Il sentait que son esprit commençait à défaillir sous l'assaut de tant d'informations, qu'il sentait venir un vertige des plus puissants remonter lentement du fin fond de sa gorge. Il se mit à pâlir légèrement, poussant un nouveau soupir appuyé.

Lyra sentait la chaleur du corps de Fanderlun augmenter graduellement au fur et à mesure qu'il s'approchait d'elle. Ou alors était-ce la température de son propre corps qui perdait totalement le sens des convenances ? Toujours est-il qu'elle sentait un feu intense brûler sa peau et des tressaillements fébriles parcourir son corps. Enfin, elle ferma les yeux, lentement, pour bien imprégner dans sa mémoire cette image. Doucement, leurs bouches se rencontrèrent et leurs corps se pressèrent l'un contre l'autre. A chaque mouvement de lèvre, elle avait l'impression qu'elle allait défaillir. Elle se surprit à avoir des pensées, ce qu'elle ne croyait plus possible.

*Parfum ... sensations ... frissons ... émotions ... envie... dépaysement... corps...*

Fanderlun avait l'air lui aussi de défaillir, alors, doucement, elle éloigna ses lèvres des siennes et baissa la tête, histoire de se rassurer, histoire de vérifier qu'elle ne lévitait pas. Et devant ses yeux, des myriades d'étoiles minuscules et scintillantes ...

Il était mort, enterré, déterré, ressuscité et en pleine forme. Il ne pouvait plus réfléchir convenablement, si tant est qu'il ait été capable de le faire depuis la vision enchanteresse qu'elle lui avait imposé. Simplement un vertige insoutenable qui s'acharnait à rester tapi à la frontière de son esprit, attendant le meilleur moment pour lui faire perdre conscience, un coeur qui battait beaucoup trop vite pour que cela soit normal... et une envie. Recommencer. Encore et encore. Toujours. Il ne put plus retenir son geste, son envie de le faire étant la plus forte cette fois-ci. Lâchant une main de Lyra, il alla glisser sa main délicatement dans ses cheveux, fermant les yeux sous la sensation de douceur qui l'assaillait. Il entrouvrit les lèvres, cherchant l'air qui lui manquait terriblement depuis peu de temps. Soyeux était un doux euphémisme. Ils étaient merveilleux. Sa main glissa lentement dans ses cheveux, comme s'il voulait s'imprégner de chaque centimètre qu'il parcourait, descendant peu à peu vers la peau fine de son cou. Lorsqu'il effleura cet endroit, certaines paroles dites auparavant s'imprimèrent dans son esprit... Il en devint écarlate, se demandant s'il n'aimerait pas qu'elle s'occupe tendrement de son cou... Et sachant qu'il en avait déjà envie. Sa voix fut réduite à un simple filet.

" Wow... C'est... wow... J'ai le droit de mourir, maintenant, et de revenir pour t'embrasser à nouveau... Tu... enfin... Euh... Si tu as envie de me mordre le cou, je ne suis pas sur de résister... "

Il esquissa un pâle sourire, trop bouleversé pour pouvoir accompagner cette semi-plaisanterie par un sourire amusé. Envoûté, un seul mot pouvait qualifier Fanderlun à ce moment précis.

Elle avait frémit et frémissait encore. Elle fut prise de spasmes quand il lui effleura le cou et une terrible chair de poule s'empara de sa peau.
Elle releva la tête d'un coup, sous l'effet de ces frissons, et se trouve nez-à-nez avec un Fander littéralement transporté. Elle sourit.

" Wow... C'est... wow... J'ai le droit de mourir, maintenant, et de revenir pour t'embrasser à nouveau... Tu... enfin... Euh... Si tu as envie de me mordre le cou, je ne suis pas sur de résister... "

Elle ne put qu'élargir son sourire, puis elle l'embrassa du bout des lèvres, sur la bouche, sur la joue, la mâchoire inférieure, avant d'atteindre son cou. Elle commença par l'embrasser, tout doucement, juste comme elle venait de le faire, puis, elle sorti ses dents et mordilla le cou frémissant de Fander. Se replaçant face à lui...

"Tu continues de penser que je suis un vampire des Carpates ? Si c'est le cas, vu l'heure, je te conseille de fuir, au cas où je voudrais me nourrir... "

Elle lui fit un sourire amusé et attendit qu'il sorte de son état d'émerveillement béat.

Un véritable brasier naquit au creux de ses reins, à la simple sensation des lèvres de la jeune femme sur la peau fine de son cou. Alors, lorsque ses lèvres furent remplacées par ses dents, il poussa un long gémissement, ses jambes se dérobant sous lui. Il fut forcé de s'appuyer sur ses mains, contre le tronc, se collant plus que jamais contre le corps de celle qui l'assaillait avec une telle douceur. Par réflexe, il avait penché la tête sur le côté, offrant sa carotide palpitante aux attentions de Lyra. A ce stade de leur rencontre, il se moquait de savoir si elle était un vampire, une vélane ou quoi que ce fut. Seule comptait la caresse de ces lèvres, de ces dents qui le mettaient dans un état second... Si second qu'il devint brusquement écarlate et remercia la lune pour ne pas donner une lumière trop crue à l'endroit. Il ferait bien de se mettre sous le couvert des arbres avant qu'un scandale n'éclate.

Esquissant un sourire mi-amusé mi-gêné, il replongea dans l'éclat envoûtant des deux émeraudes qui le fixaient à quelques centimètres de lui, se repaissant de leur vision autant qu'il le pouvait. Prenant le ton de la plaisanterie, il espéra intérieurement qu'elle ne se rendrait pas compte de son trouble...et surtout de la cause de ce trouble.

" Oh, mais comment voudrais-tu que je puisse fuir alors que tu m'as emprisonné dans ton regard ? Je suis incapable de bouger et j'ai bien peur que tu n'aies aucun mal à savourer mon cou, si l'envie t'en prend à nouveau... Même si je pense que ces petites canines adorables n'auront pas la volonté de me faire saigner à mort... N'est-ce pas ? "

Se redressant légèrement, il prit à nouveau la main de Lyra et la porta à ses lèvres, en un baiser chaste qu'il accompagna néanmoins d'un petit sourire qu'il voulut le plus craquant possible. Les choses allaient vite ce soir, mais il ne s'en plaignait pas du tout, bien au contraire.

Lyra souriait de toutes ses dents, et c'était le cas de le dire. Il était perturbé au plus haut point et ça se voyait. Elle n'en était d'ailleurs, pas peu fière.

"Mais dis-moi, tu n'en sais rien ! Tu m'as trouvée à l'orée du bois, à la tombée de la nuit. Tu dis toi-même que je t'ai envouté. Peut-être que je t'ai menti pour pouvoir te séduire et te vider de ton sang ... Je ne ferai pas confiance à une native des Carpates ..."

Lyra avait dit tout ça en lui souriant et en l'acculant contre l'arbre. Il avait perdu sa jolie teinte rouge pivoine pour virer au blanc, voire au blême.

"Mais non ! Je plaisante chér hum .. ! Fander ! Je voulais juste te voir pâlir un peu, tu me semblais rougeaud. Bon ..."

Lyra recula un peu, se frotta les mains, gênée en se tournant. La tête levée vers les étoiles, elle se disait qu'il n'avait pas vraiment eu de conversations avant de se jeter l'un sur l'autre, et ça la fit sourire.