RPG : Balade surprise

Elle battait le chaud et le froid avec lui, s'amusant à l'effrayer plus que de raison, le perturbant à un point tel qu'il ne savait plus trop où il était, s'il devait hurler de terreur ou éclater d'un rire plus soulagé qu'autre chose. Elle avait le don pour nouer sa gorge, et un frisson d'appréhension autant que d'excitation avait parcouru son corps lorsqu'il avait senti le tronc d'arbre contre son dos, lui empêchant toute fuite. La dernière révélation de la jeune étudiante fut celle de trop : le trop plein d'émotions qui lui était tombé dessus depuis le début de la soirée se creva en un rien de temps, tel un barrage se brisant pour laisser s'exprimer toute la puissance d'un torrent en crue. Il sentit une sensation singulière naître au fond de sa gorge et remonter très rapidement, puis il éclata d'un rire tonitruant montrant à quel point il avait été soulagé de ne pas finir en steak tartare pour jolie transylvanienne affamée. Une lueur de pur amusement éclaira son regard et il se dirigea vers elle, en profitant pour enlacer sa taille d'un bras.

" Ah, cela ne va pas se passer comme ça ! Mademoiselle, vous allez me devoir des explications, ce n'est pas une vie de faire peur aux gens et de profiter de leur faiblesse pour votre beauté ! Je veux et j'exige un curriculum vitae et un arbre généalogique très précis de ta famille ! Et même le nombre de fois où tu es allée voir un dentiste, tiens ! Parle moi de toi, je meurs d'envie de savoir si je dois éviter les cercueils en ce moment. "

Il déposa un baiser léger sur la joue pâle de la jeune femme, respirant un instant le parfum qu'elle portait avec une délectation manifeste. Baissant la voix, comme s'il craignait que quelqu'un put les surprendre, il murmura à son oreille :

" Tu veux bien, ma douce ? "

Quand le jeune homme éclata de rire, Lyra se dit qu'elle y était peut-être allée un peu fort. Puis, s'approchant, il lui posa des questions. Il voulait savoir d'où elle venait.

**Ouuuuh !!! Ah, très cher vous n'en saurez rien ! Ma jolie, il va falloir que tu esquives délicatement la question. Bien ... **

Lyra fit volte-face, se trouvant nez-à-nez avec Fanderlun. Elle avait eu un coup de coeur, certes, mais de là à lui raconter sa vie ... Non. Elle n'était pas aussi libre. Elle s'était laissée embrasser, elle l'avait laissé la toucher, l'approcher. Elle prit donc le partie d'être évasive.

"Oui... Ben euh ... Je suis née en Ardeal sur les montagnes de ..."

Elle vit le regard perplexe de Fander à l'évocation de son pays et reprit.

"Oui ! Pardon. Ardeal, c'est la Transylvanie en roumain. Je suis donc née sur les monts Apuseni. Maman est une sorcière, papa un moldu... Que dire ? Ah oui ! Je suis en métamorphose ! J'ai une bonne maîtrise du sujet, j'ai A-DO-RE mon prof' à Poudlard ! J'ai choisi l'option théâtre et je vis, toute seule dans la résidence, bâtiment C. Voilààà ! Et en ce qui concerne les dentistes, j'en ai presque jamais vu ! J'ai des dents parfaites !"

Elle ajouta un grand et séduisant sourire à ses paroles avant de lui demander, en lui caressant la nuque...

"Et toi ? mon très cher Irlandais ? Raconte-moi ta vie."

Il la regarda, ayant la vague sensation de rester un peu sur sa faim. D'accord, elle lui parlait d'elle... Mais à bien y réfléchir, les seules informations intéressantes étaient qu'elle suivait la même filière que lui et habitait dans le campus, ce qui rendrait les visites nocturnes plus faciles. Il esquissa un sourire, se rappelant la sensation des dents sur son cou. En effet, ses dents étaient parfaites à plus d'un titre ! Il allait se mettre à protester gentiment, en vue d'obtenir un peu plus d'informations d'elle, lorsqu'elle lui fit le sourire le plus joli qu'il puisse voir. Son coeur fit un véritable saut périlleux dans sa poitrine.

** Alors là, mon vieux, tiens-toi bien... Ce genre de sourire, on n'y résiste jamais, tu peux en être certain ! **

Il allait ouvrir la bouche pour dire quelque chose de hautement spirituel, comme à son habitude, lorsqu'elle attaqua. Un gémissement prolongé fut la seule chose à sortir de sa bouche, tandis qu'il fermait les yeux, son esprit se vidant à la vitesse grand V. Elle devait savoir qu'elle touchait un point faible, ce n'était pas possible autrement ! Surtout cet endroit précis. Il ouvrit les yeux, le regard profondément troublé, et eut l'impression de parler comme dans un rêve, tant son esprit était cotonneux :

" Euh... Tu disais quoi, chérie ? J'ai eu un moment... d'absence. "

Lyra eut un petit rire face à la réaction de Fander. Ainsi, elle avait trouvé LE point faible de l'homme !!

"Je disais, très cher, que j'habitais dans la résidence, au bâtiment C. Et que j'étais en métamorphose, option théâtre. Voilà l'essentiel de la teneur de mes palabres. Et j'allais aussi dire, qu'il se faisait tard et que j'allais regagner mes appartements. A moins que tu aies quelque chose à rajouter ?"

Elle n'en revenait pas, son silence sur sa vie était passé comme une lettre à la poste ! Elle était ravie. Décidément, elle savait s'y prendre, du moins avec lui.

"Tu n'as pas l'air très bien, tu veux que je te fasse apparaître un verre d'eau ? Ou de la guiness ? Ou ... je sais pas moi !!" Après quoi, il va falloir que je te laisse, je n'ai même pas déballé mes affaires ! Et il faudrait que j'écrive à mes parents. Bref ! J'ai à faire ! Il faudrait aussi que je fasse une excursion dans les bâtiments... Hum !"

Elle s'était perdue dans ses dernières paroles et avait à présent les yeux dans le vague. Le retour à la réalité allait être difficile.

Sa lucidité revenait à la vitesse d'un escargot au galop. Wow, pour du puissant, c'était du très puissant ! Il avait l'impression d'avoir couru un marathon au pas de course, juste pour se retrouver face à cette jeune femme capable de le séduire d'un simple claquement de doigts. Il lui fit un large sourire, se disant que le petit voile de tristesse obscurcissant son visage n'allait pas y rester très longtemps :

" Je crains que tu ne doives me supporter plus souvent que ce que tu pensais. Tout d'abord, parce que je suis moi aussi en filière métamorphose... et que j'ai pris l'option théâtre en désespoir de cause. Je ne comprendrai jamais pourquoi personne n'a pensé à mettre une vénérable option rugby dans cette université, c'est une honte. Ensuite, parce que j'ai la ferme intention de te raccompagner jusque devant la porte de ta chambre... Vu que j'habite au second étage de ton bâtiment. Mais cela va poser un sérieux problème à ma scolarité, comment veux-tu que je me concentre sur les leçons si ton visage me perturbe à chaque seconde ? Déjà que... j'ai 45 minutes de retard sur mon heure de balais volants... Il faudra surement que tu m'aides à me rattraper dans mes cours, ou je suis mort et enterré ! "

Il lui fit un sourire ravageur, son bras toujours autour de la hanche de Lyra. Il l'emmena vers la partie des chambres universitaires, souriant rêveusement. Finalement, la soirée était exceptionnelle !